LCD2007

La connerie de 2007 Revue de presse des articles à ne pas manquer

Clowneries

Clowneries en Sarkoland qui méritent d’être racontées

Pensées…

…à 2 cents d’euro : Il y a comme un truc étrange dans ce pays.

Sarkotron

Sarkotron : le Littératron remis au goût du jour

La Presse…

…fait décidément tout pour plaire. Même le pire.

Imprimer Imprimer
Home » Articles

Affaire Woerth : le péril FN comme solution

Submitted by on 7 juillet 2010 – 14 h 59 minOne Comment
Affaire Woerth : le péril FN comme solution

Quand dans une équipe tous se mettent à dire la même chose, avec à peu près les mêmes mots, il y a fort à parier pour que les “éléments de langage” aient été fournis par le chef. Depuis deux jours, la droite entonne une drôle de chanson. Pour les perroquets d’un jour, le fait de questionner le gouvernement et le président de la république sur un éventuel conflit d’intérêt entre la fonction de trésorier de l’, spécialement chargé de récolter des fonds auprès des grandes fortunes et celui de ministre du budget, toutes informations divulguées par la , est une démarche qui va donner un coup de pouce au Front National.

Voyez la réponse de François Baroin aux députés mardi 6 juillet 2010 :

À François Baroin de lui répondre. Le ministre du Bugdet défend sans détour son prédécesseur à Bercy, . “Est-ce que vous vous rendez compte de ce que vous dites ? Est-ce que vous vous rendez compte du mal que vous faites à la démocratie et que vous êtes en train de tracer le sillon des extrêmes ?” lance Baroin, virulent. “Comment vous pouvez jeter l’anathème sur les uns et sur les autres, sans preuves, en additionnant les tweets, les blogs, les gens qui règlent des comptes, les opposants politiques qui ne partagent même pas vos valeurs ?” poursuit-il sous les applaudissements nourris des députés UMP, debout comme un seul homme. “Alors, je vous en conjure, au nom d’une certaine idée que nous avons en partage de la démocratie, de la République, ne faites pas le jeu de l’extrême droite !”.

Intéressant. Il semble que les députés UMP aient la mémoire courte. Car à bien y regarder, s’il y a une personne qui a divisé ce pays au point d’en arriver à faire dire à 64% des Français que la classe politique corrompue, c’est bien Nicolas Sarkozy. S’il y a bien une personne qui a surfé sur les idées du Front National, qui a épousé les techniques oratoires de Jean-Marie Le Pen, c’est bien Nicolas Sarkozy.

Petit retour en arrière…

En France, nous avons le Front National () qui séduit à chaque consultation environs 17% des Français en âge de voter. Le dispose (encore) d’un tribun, Jean-Marie Le Pen, maniant le dérapage verbal comme un orfèvre[1]. Sa technique, qui lui sert de faire-valoir, de booster médiatique, est courante sur Internet.

Sur le réseau informatique, on appelle ces gens-là des trolls. Ils glissent une phrase qui énerve le reste des participants à une discussion et en quelques heures, une polémique générale qui donne une importance indue à l’auteur du commentaire intolérable initial a pris corps. Jean-Marie Le Pen est passé maître dans l’art d’énerver la classe politique et de donner aux media des occasions (indues) de parler de lui.

Le dérapage comme outil

Nicolas Sarkozy utilise une phraséologie plus politiquement correcte, même si toujours proche du dérapage, dont la portée est particulièrement forte. Particulièrement forte parce que si l’adhésion affichée aux idées de Jean-Marie Le Pen est parfois difficile (disons –assez logiquement- honteuse pour une partie de la population), l’adhésion aux idées, même sulfureuses, d’un président de la république et d’un ancien président du parti de la droite libérale traditionnelle (même décomplexée) est beaucoup moins honteuse.

Le dérapage verbal n’est pas chose nouvelle. En 1986, Louis Pauwels, alors rédacteur en chef du Figaro Magazine, estimait très finement que les étudiants en colère contre une énième réforme de l’éducation nationale étaient atteints de ce qu’il avait baptisé le « sida mental ». Ce concept a été repris par Bruno Gollnich, délégué général du Front National, au cours de l’université d’été de son parti, fin août 2005, à propos de « l’anti- ». Le recours à des « métaphores » médicales est visiblement porteur… Dans le film « Z » , Costa-Gavras et Jorge Semprún font dire au chef du groupuscule d’extrême droite qui a tué le député « Z » : « nous sommes les anticorps » [contre la supposée vermine communiste]. Il y a quelques années, Nicolas Sarkozy estimait qu’il fallait « dépister » l’islamisme radical. Chacun peut tenter de deviner au sein de quelle tranche de la population il convient de « dépister ». Les chances de se tromper sont faibles.

Livrer certaines catégories de personnes à la vindicte populaire n’est pas à proprement parler le rôle que l’on imagine –ou que l’on peut souhaiter- pour le président de l’un des deux principaux partis politiques.  Encore moins pour le président de la République. Cela n’aide pas non plus à cimenter les composants de ladite république.

Coller aux idées du FN : une stratégie pour 2007

La « vindicte populaire », c’est un peu une « entité » pouvant se résumer au résultat de l’agitation mentale des gens qui votent pour le FN. La « vindicte populaire » se nourrit de peurs irraisonnées attisées par des hommes politiques ne reculant devant pas grand-chose pour glaner des voix.

Pour mieux comprendre en quoi les phrases choc de Nicolas Sarkozy sont en phase avec le gloubi-boulga[2] qui sert de pensée politique aux électeurs de Jean-Marie Le Pen, il suffit d’accoler le discours des électeurs frontistes[3] et celui de Nicolas Sarkozy. Ce type d’exercice devrait assez logiquement faire réfléchir les représentants de l’UMP qui estiment que  le scandale Woerth / Bettencourt va favoriser le FN.

Le résultat laisse perplexe. A croire que l’actuel président de l’UMP s’était donné comme objectif (principal ?) de séduire les gens ayant voté pour Jean-Marie Le Pen lors des élections présidentielles de 2002. Histoire de capter 20% d’électeurs assez simplement pour sa propre élection en 2007 ? S’il ne s’en cache plus aujourd’hui, ce n’était pas le cas quelques années avant l’élection de 2007. Par ailleurs, ramener ces électeurs dans le giron républicain, comme a dit le souhaiter Nicolas Sarkozy, n’est pas aussi simple que de les faire voter UMP. De fait, en votant pour la droite traditionnelle, ils n’ont pas laissé pas derrière eux leurs idées nauséabondes qui sont très profondément ancrées.

Il faut bien reconnaître une chose, Nicolas Sarkozy s’embarrasse rarement d’une langue de bois visant à cacher ses idées véritables. Sauf, peut-être, lorsque ces idées sont trop choquantes pour son électorat traditionnel. Dans ce cas, il sait enrober en utilisant des mots ayant un « sens caché » que les initiés sauront décoder. Un peu comme «  choisie » qui signifie en fait « les immigrés qui vous font , dehors ». On a moins d’un prince saoudien résidant à Neuilly que d’un jeune arabe non qualifié, subsistant avec le RMI dans une cité prête à s’enflammer à tout instant…

Pour ce qui est de la drague électorale des sympathisants Front National, Nicolas Sarkozy a longtemps surfé sur l’indifférence apparente des media. Mais lorsque ses appels du pied aux électeurs potentiels du FN se sont faits trop clairs et que la presse s’est interrogée, le candidat à la présidentielle l’a dit tout simplement : il ne voyait pas en quoi il serait indécent de tenter de ramener dans le giron républicain des gens qui l’ont quitté. Et qu’on ne tente pas de lui faire un mauvais procès, il s’est toujours battu avec acharnement contre le FN, n’a-t-il pas manqué de rappeler.

Aporismes.com et Kitetoa.com ont disserté de nombreuses fois sur les risques qu’il y à a conforter de telles idées. Sur le fait que ces idées sont bien plus noires qu’il n’y parait.

Mon petit immigré à moi…

Nicolas Sarkozy a surfé sur le supposé problème de l’immigration autant qu’il était possible. Avant son élection en évoquant l’immigration contrôlée. Après, avec son pathétique débat sur l’.

« Quand on vit en France, on respecte les lois de la France et on aime la France, si on n’aime pas la France et on ne respecte pas ses lois, personne ne vous oblige à rester », précisait-il avant l’élection.

Ses espoirs de quotas d’immigrés « de bonne qualité » et de –disons- « moins bonne qualité » raviront probablement un de ces « experts » es immigration qui voulaient prodiguer, par mail, leurs bons conseils à Jean-Marie Le Pen au lendemain du premier tour de l’élection présidentielle de 2002 :

« S’agissant des problèmes posés par l’immigration excessive et non contrôlée, je vous suggère d’utiliser les arguments suivants:

1. Vous n’avez fondamentalement rien à reprocher aux émigrés ; vous savez que beaucoup ont contribué à construire la France et que certains ont grandement contribué à son renom ; exemple : Marie Curie.

2. Pendant longtemps, les émigrés sont venus en France pour effectuer des tâches délaissées par les Français (mon père, par exemple, est arrivé en France en 1934 pour construire des maisons). Ils s’intégraient sans difficulté majeure. Fils de maçon, j’ai un diplôme de docteur et j’ai exercé le métier de chercheur au CNRS

3. Aujourd’hui, en revanche, bon nombre d’émigrés, essentiellement ceux venus d’Afrique, viennent en France pour devenir chômeur. Dans ce contexte, leur intégration est presque impossible ».

Pour cet autre sympathisant FN, il y a immigré et immigré :

« les juifs se plient aux exigences du pays a ces rites, à vivre comme des Français, ils apportent aussi des investissements, des créations d’emplois, du commerce (c’est un peu de sel dans l’évolution d’un pays).

Et aussi une certitude, il ne seront jamais plus de 2 a 3% de la population, puisque comme vous le savez dans le monde entier le nombre de juifs est inférieur a 30.000.000.

Alors que le problème des Arabes est inverse : ils sont là pour travailler pour prendre de l’argent à envoyer dans leurs pays pour faire vivre leurs familles. Donc pour le français. Ils exploitent les allocations familiales par leur nombre d’enfants.

À l’inverse du juif, leur assimilation est contre leur religion, donc c’est à la France de changer, pas eux. Leur nombre est innombrable, leur natalité est un danger pour la France, les 7000.000 d’aujourd’hui peuvent être 30.000.000 ans 10 ans, 60.000.000 dans 20 ans, en 2030 le président pourrait être Mohamed ben Slimane ou autre… Ainsi votre histoire de France passera des Louis XV Louis XVI, a Mohamed ben Slimane ou autre nom islamique. Ce n’est pas l’amour de la France qui fait venir, c’est plutôt l’amour des allocations familiales et du chômage.

Sauvez la France Monsieur Le Pen car bientôt pour voir un vrai Français il faudra aller au musée Grévin.

Rien de moins…

Tous ces immigrés que Nicolas Sarkozy souhaite expulser plus vite et en plus grand nombre donnent mal au coeur à cette électrice FN :

« Je travaille à l’hôpital de Montfermeil, comme infirmière en Maternité et je suis lasse de m’occuper de bébés noirs, jaune etc…! J’ajoute que j’habite à Aulnay-sous-Bois et que je ne vois pratiquement aucun Français…! Merci de ce que vous ferez pour la France. »

Ce sont là les mots des “électeurs républicains” du FN que Nicolas Sarkozy était si content de ramener vers l’UMP. Franchement… Pense-t-il un instant qu’en ayant voté pour lui en 2007, ces gens-là ont arrêté d’avoir de telles idées ? Nicolas Sarkozy est bien trop intelligent pour oser affirmer cela.

Sécurité maximum…

Un problème, une controverse quelque part ? Nicolas Sarkozy surgit comme un histrion et promet une solution. Ceci est particulièrement vrai dans le domaine qui lui est cher : celui de la sécurité. Un canadair s’écrase ? Nicolas Sarkozy promet de « revoir les procédures de sécurité » et se prononce pour l’installation d’enregistreurs de vols sur ces appareils.

Un enfant se fait tuer dans une cité ? Nicolas Sarkozy promet de la nettoyer au karcher.

Un immeuble brûle ? Nicolas Sarkozy promet de recenser « tous les immeubles qui peuvent présenter une situation de dangerosité en termes d’incendie et de sur occupation ». Nicolas Sarkozy est dans la réaction aux problèmes qui se posent, pas dans l’action préalable. Mais il tente coûte que coûte de faire passer la réaction pour de l’action.

On peut comprendre la terrible indignation de Nicolas Sarkozy lors d’événements comme la mort du petit Sidi Ahmed ou de Nelly Cremel. Mais l’on peut s’interroger sur deux points.

Ces événements tragiques méritent-ils les phrases choc comme celles utilisées par Nicolas Sarkozy ?

Là où l’on pourrait attendre des propos apaisants, des appels au calme, Nicolas Sarkozy fait de la surenchère et exploite médiatiquement ces événements pour surfer sur une naturelle indignation populaire. Un procédé que ne renierait pas Jean-Marie Le Pen.

Le 25 octobre 2005, Nicolas Sarkozy employait le mot « racaille » lors d’une visite à Argenteuil. Un terme qui signifie selon le Petit Robert « populace méprisable, rebut de la  ». La stigmatisation ne rebute pas le ministre. Sa course à la réaction, à la présence dans les media pour coiffer au poteau son rival d’alors, Dominique de Villepin, avait par ailleurs poussé Nicolas Sarkozy à parler de « cambriolage », en réunion (ce qui aggrave les faits) pour donner le contexte entourant la mort de deux adolescents à Clichy-sous-Bois. Cette nouvelle stigmatisation des jeunes des cités forcément délinquants, forcément « racailles », avait mis le feu aux poudres à Clichy-sous-Bois.

Par ailleurs, si tout cela est si grave, si intolérable qu’il se sente obligé de parler de « tolérance zéro », que faisait le ministre de l’Intérieur Sarkozy Nicolas entre 2002 et 2004 pour « nettoyer » les cités ? Ou tout au moins éviter que des enfants puissent y être tués au cours de règlements de comptes entre délinquants un an plus tard ? Que faisait-il pour éviter que des récidivistes puissent tuer une femme qui faisait paisiblement son jogging ?

« Cela fait vingt ans que l’on tolère l’intolérable ! », indiquait le ministre de l’Intérieur Nicolas Sarkozy sur TF1 le 30 octobre 2005. Que faisait le ministre de l’Intérieur Sarkozy Nicolas pour éviter que l’intolérable soit toléré ? Mystère…

Les réponses de Nicolas Sarkozy sont plus rapides que l’éclair. En paroles, bien entendu. Pour les canadairs qui s’écrasent, Nicolas Sarkozy promet de remplacer deux avions ? Éric Soupra, porte-parole de la direction de la sécurité civile, un peu plus en prise avec la , fait quant à lui valoir qu’il faut deux ans pour qu’une commande de ce type se concrétise par l’arrivée de l’avion sur le terrain.

La cité sera nettoyée au karcher ? Qui se souvient de Hautepierre, près de Strasbourg ? Pas l’ancien ministre de l’Intérieur visiblement. Si l’on en croit un article de Libération, « En février 2004, Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, était venu y lancer son plan d’action pour «les 23 quartiers les plus difficiles de France». C’était sa troisième visite à Hautepierre en à peine plus d’un an. Aux habitants qui s’inquiétaient de voir leur quartier stigmatisé par l’action ministérielle, Sarkozy avait répondu qu’il fallait combattre «le terrorisme de l’immobilisme».  Bilan des courses ? Pas grand-chose, voir même rien, selon Thomas Calinon, le correspondant de Libération, auteur de l’article.

Réaction. Nicolas Sarkozy est toujours dans la réaction, avec une surenchère de phases choc. Mais pas dans l’action. Pas dans la prévention par exemple, en ce qui concerne la sécurité.  Il a d’ailleurs une vision très personnelle de la prévention : « Vous savez, la meilleure des préventions, c’est que les voyous qui trafiquent sachent et comprennent qu’enfin maintenant ils vont risquer quelque chose… » (France 2 le 24 juin 2005).

Il rejoint en cela cet électeur Front National du premier tour 2002 qui estimait que

« si la ne peut rien faire pour rééduquer les hors-la-loi, OK! Alors, si une personne porte atteinte aux biens d’autrui (vol à la tirette, cambriolage, effraction…), elle est expulsée de France (elle, ses frères et soeurs, parents et grands-parents), là elle aura des comptes à rendre, et à sa famille qui plus est (Cela est à prendre quelle que soit la couleur de la peau : blanc, basané, noir, jaune, vert…) ».

Et hop…

Un détail bien sûr, cet électeur, comme Nicolas Sarkozy, stigmatisent une partie de la population en la liant à l’insécurité. A propos de l’utilisation du terme « communautés », le président indiquait par exemple : « J’emploie ce terme car c’est la réalité. Cela ne sert à rien de le nier. Mais vous avez raison: ce sont des Français comme les autres et ils doivent se comporter comme tous les autres Français. Je veux que cessent les pratiques où les communautés peuvent faire la loi ». Voyons voir… Il y aurait donc des communauté qui “peuvent faire la loi”, c’est à dire, en d’autres termes, ne pas respecter la Loi (celle avec un grand L, par opposition à la loi des caïds évoqués par Mme Bachelot à propos de l’équipe de France de football) ?

En 1999, 73.615 étrangers étaient condamnés en France. En 2000, ce chiffre passait à 71.862. Puis à 66.373 en 2001. En 2002, il revenait à 62.352 avant de repasser à 70.807 en 2003. A titre de comparaison, il y avait respectivement 476.546, 474.340, 438.836, 390.059 et 423.174 condamnés « français » ces années-là.

Rupturitude…

Nicolas Sarkozy s’est volontiers présenté comme l’homme de la rupture.

Rupture avec quoi ? Avec trente ans de politique dont le résultat ne le satisfait pas. Etonnant pour un homme qui dit être entré en politique il y a… trente ans (qu’a-t-il fait pendant toutes ces années pour déclencher cette « rupture » ?).

Le concept de rupture implique, selon lui, un changement dans la manière de faire de la politique.

« Ce n’est pas la France qui n’aime pas le changement. Ce sont les élites françaises qui, bien souvent, ont peur du changement », expliquait-il avant son élection.

Heureusement que Nicolas Sarkozy ne fait pas partie de ces élites-là… Avec lui, tout devait changer.

« Je veux changer la politique, je veux changer l’, je veux changer la France », précisait-t-il.

En effet, il a changé la politique, les récents scandales révélés par le Canard Enchaîné et Mediapart sont là pour le démontrer. Il a changé l’Europe, l’euro ne vaut plus un clou et les financiers pensent que la dette souveraine des Etats européens ne vaut plus un clou non plus. Il a changé la France. Et il faudra des décennies pour reconstruire ce qui a été détruit.

« La rupture que je souhaite est donc aussi une rupture avec la méthode et le rythme des . »

« “Rompre avec ce qui ne marche pas n’a jamais voulu dire faire table rase de la société (…) La rupture que j’appelle de mes vœux passe résolument par les réformes. Nous ne romprons avec la croissance molle, la dérive des finances publiques et notre chômage endémique, qu’en mettant en œuvre rapidement les changements dont le pays a besoin ».

On est passé d’une croissance molle à une récession, le chômage a explosé, les finances publiques sont au plus mal. La dette de la France a littéralement explosé. Les CDS sur la dette française aussi.

Les promesses n’engagent que ceux qui y croient. En outre, une promesse de « changements dont le pays a besoin », ça n’engage pas à grand-chose tant que l’on ne sait pas en quoi ces changements consistent…

Le candidat, homme politique depuis trente ans, rappelons-le, voulait « une rupture avec les habitudes, les conformismes et les insuffisances de la vie politique traditionnelle ».

Ce qui devrait ravir nos experts en changement, sympathisants ou votants Front National qui déjà en 2002 évoquaient en croyant écrire au chef suprême :

« il est rassurant de voir que les Français n’approuvent plus cette politique du court terme et suicidaire menée jusqu’à présent, mais il est surtout rassurant de voir les Français enfin le dire et le faire savoir. […] félicitations et encouragements á tous ceux qui se battent en France pour un vrai changement ».

Eux aussi voyaient poindre un « changement », une « rupture ». Rupture avec quoi, pour aller vers quoi ? Mystère :

« Enfin le grand changement va venir. Du renouveau pour la France ».

Imaginant déjà leur champion du Front National à l’Elysée, ils espéraient que celui-ci saurait utiliser tous les moyens possibles pour mettre en œuvre cette nécessaire rénovation du pays, sur des bases saines et démocratiques :

« J’espère qu’une fois au pouvoir; le F.N. s’emparera des Médias, des hautes technologies, des forces armées pour relever les difficiles défis qui s’annoncent et pour inverser l’intelligentsia Eurodécadente actuelle afin d’effectuer les nécessaires changements qui s’imposent pour le bien de notre Pays ! ».

Il faut dire que la tâche était immense. Comme chacun sait, la France était dans un tel état délétère, qu’un changement « radical » était nécessaire :

« Nous espérons gagner pour avoir un changement radical, retrouver la paix dans notre pays et que nous soyons heureux d’y vivre et que la France ne soit plus la poubelle du monde. »

La poubelle du monde… Pas moins.

Et ce pays, il a commencé à devenir une poubelle il y a…

30 ans

Dieu sait pourquoi, Nicolas Sarkozy est persuadé que tout est foutu depuis… 30 ans. Pile poil.

En cela il rejoint les électeur du FN et leur leader.

« Qu’est-ce que j’observe ? C’est que depuis trente ans, il y a de plus en plus de Français qui ne votent pas. C’est que le modèle social français qu’on a décrit, c’est aujourd’hui deux fois plus de chômeurs qu’ailleurs. Qu’il faut faire preuve de créativité et en finir avec le statu quo. Et qu’il faut porter un discours véritablement de rupture avec la politique classique » (TF1 le 4 septembre 2005).

Nicolas Sarkozy se focalise sur cette période de trente ans, mais affirme pourtant s’être engagé en politique il y a… trente ans. Et ce, dans la même interview.

L’actuel président n’est pas à une près : « Il y a bien longtemps, Claire Cazal, j’ai choisi de faire de ma vie, un idéal, celui d’un engagement politique. Il y a trente ans, très exactement ».

A trop vouloir en faire contre les hommes politiques du passé, Nicolas Sarkozy parvient à se tirer une balle dans le pied sans même s’en rendre compte.

Droite décomplexée

Le concept de droite décomplexée, lancé par le mouvement “La droite libre”, puis repris par Nicolas Sarkozy et son riafoutrisme viscéral, déteint. L’UMP est particulièrement décomplexée lorsqu’elle évoque aujourd’hui le populisme, le fascisme qui entoureraient les révélations sur l’affaire Woerth. Le premier à avoir flatté, usé et abusé des peurs des électeurs et sympathisants du Front National est Nicolas Sarkozy.

Qui sème le vent…


[1] Jean-Marie Le Pen estimait, par exemple, dans Rivarol en janvier 2005 que « l’occupation allemande n’avait pas été particulièrement inhumaine, même s’i y eut des bavures, inévitables dans un pays de 550.000 kilomètres carrés » et qu’il y « avait beaucoup à dire sur le massacre d’Oradour-sur-Glane ». Jean-Marie Le Pen est un habitué des dérapages de ce genre. A lire sur ce sujet : « Jean-Marie Le Pen, multirécidiviste du dérapage » dans Libération daté du 31 juillet 2006. (http://www.liberation.fr/actualite/politiques/196211.FR.php)

[2] Le gloubi-boulga est une recette du monstre gentil Casimir (l’Île aux enfants) dont on trouvera la recette à cette adresse : http://www.casimirland.com/casimirland/gloubi-boulga/index.php

[3] Les propos de ces électeurs ont été tenus dans des  e-mail et adressés au Front-National au lendemain du premier tour des élections présidentielles de 2002. Ils constituent un instantané de ce que le cœur des électeurs frontistes a dans la tête et de ce qu’il souhaite dire (en tête-à-tête)  aux représentants du Front National. Les fautes triviales d’orthographe ou de français dans les propos rapportés ont été plus ou moins corrigées. Les constructions sémantiques hasardeuses ont en revanche été conservées.

Related Posts:

One Comment »