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Libye : petits renoncements entre (nouveaux) amis

Submitted by on 2 août 2007 – 14 h 17 minNo Comment

La « diplomatie » a ses ressorts qui échappent à la logique et nourrissent l’imagination des auteurs de romans. Les guignolades françaises en Libye ne dérogent pas à la règle. Imaginez un pays mis au ban de la communauté internationale parce qu’il est soupçonné d’avoir « soutenu » les attentats de Lockerbie et celui qui avait visé un avion d’UTA au dessus du Ténéré. Imaginez une classe politique dans son ensemble (quasiment), en France et chez nos alliés traditionnels, qui pense et dit à mots plus ou moins couverts que le colonel Kadhafi est à la tête d’un Etat terroriste. Avec tout ce que cela implique. Puis imaginez la même classe politique s’indignant du sort réservé à des infirmière et un médecin bulgare accusés d’avoir inoculé le virus du Sida a des enfants. Retenus en prison, condamnés à morts à plusieurs reprises, torturés [1], lesdits personnels soignants sont, dit-on, retenus en otage. Mais là, on parle moins de parce qu’entre temps, le patron du pays a décidé de rejoindre le concert des nations. Fini la tentative d’acquérir des armes nucléaires (c’était il y a pourtant le cas il y a environ 5 ans), fini le , à part bien sûr cette broutille des « otages » bulgares.

Et que croyez-vous que fit la communauté internationale ?

Elle négocia. Longtemps. Et à tous les étages (Européen, Allemand, Britannique, Français,…). Elle négocia avec celui qui il y a peu encore était un terroriste, mais qui n’était plus le mois dernier qu’une sorte de simple preneur d’otages. Autant, on ne négocie pas (plus) avec les Talibans quand ils prennent en otage 22 personnes pour les échanger avec leurs membres emprisonnés, autant, avec un chef d’Etat, on négocie. Peu importe que les personnels soignants bulgares racontent qu’ils ont été torturés dans ce pays. Peu importe. En effet, le sort de 8 êtres humains est en jeu. Et cela peut justifier cette négociation. Tout au moins l’expliquer.

Ce qui s’explique moins bien, ce sont les guignolades de l’Etat français, les démarches de dernière minute du président Nicolas Sarkozy, de sa femme Cécilia et du secrétaire général de l’Elysée Claude Guéant. Cette conception de la diplomatie est très similaire à celle de George Bush et l’on sait où cela à mené les Etats-Unis. Il s’agit d’agir à sa guise, sans en référer à ses partenaires. Ne parlons même pas de ce qui a été appelé par un membre du « la stratégie du coucou », consistant à s’approprier les retombées médiatiques (l’utilisation de l’avion aux couleurs de la république et non pas anonyme notamment) [2] d’une négociation qui a surtout impliqué l’ et non la France. Cette tendance à l’unilatéralisme et à la posture du « je me fous de ce que les autres en pensent » vaut également dans les rapports du président avec les partenaires sociaux.

Saïf Al-Islam, le fils du colonel Kadhafi, qui a joué un rôle central dans les discussions sur les infirmières et le médecin bulgares a craché le morceau à peine une semaine après leur libération, dans un entretien au Monde. Le fils du colonel évoque un accord de défense et des contrats de ventes d’armes françaises à la Libye. Des missiles anti-char Milan pour être précis. Nombreux sont ceux qui s’inquiétaient de par le monde (et notamment nos amis allemands) de la mise à disposition d’un pays comme la Libye de technologie nucléaire. Cette fois, ce sont les militaires français qui s’inquiètent : ils ont de voir un jour la Libye leur balancer lesdits missiles sur un terrain extérieur comme le Tchad…

En outre, contrairement à ce qui avait été annoncé de ce côté-ci de la méditerranée, ce ne serait pas la Libye (la fondation du fils du colonel Kadhafi) qui a payé les dédommagements aux familles des enfants contaminés, mais M. X, sollicité par la France : « Ce que je peux dire, c’est que les Français ont arrangé le coup. Les Français ont trouvé l’ pour les familles. Mais je ne sais pas où ils l’ont trouvé ». Par le Qatar ? « Nous n’avons pas posé de questions. Nous ne voulons pas embarrasser nos amis ».

Et pourtant… Ces déclarations faites dans un grand hôtel de Nice, doivent bien embarrasser ses « amis ». A tel point que le président français lui-même a été contraint de démentir. Non, il n’y a pas d’accord militaire, pas de ventes d’armes et même, « aucune » contrepartie française à la libération des infirmières. Même pas ce qu’il a annoncé lui-même au terme de sa visite à Tripoli ?

Ceci dit, quelques politiques qui ne devaient agir différemment lorsqu’ils étaient aux , restent lucides. Le socialiste Julien Dray explique par exemple que personne ne « doute qu’il y a eu une transaction » car « quand on discute avec le colonel Kadhafi, ce n’est pas simplement une discussion amicale ». Vraiment ? Etonnant d’ailleurs de noter que le patron d’un Etat voyou, si ce n’est terroriste, est considéré comme tel à la veille de la libération des personnels soignants, mais ne l’est plus le lendemain… C’est beau la realpolitik…

Détonnant au milieu de cette illustration parfaite du , Claude Goasguen, député de Paris a indiqué : : « Je souhaite que la rupture, ce soit aussi que lorsqu’il y a un problème de ce genre, le ministre des Affaires étrangères ne se contente pas de silence et que le président de la République ne se contente pas de réponse fortuite à la télévision ».

Le fils du colonel Kadhafi est très pragmatique, lui… La Libye a obtenu dans cette affaire « un bon deal ». « C’était une histoire compliquée. Une grande pagaille. Avec beaucoup de joueurs. Il a fallu satisfaire tous les joueurs. », confie-t-il au Monde.

Ce qui est dommage, c’est que le président français n’assume pas jusqu’au bout ses décisions. Il a choisi de passer des accords très importants (sur le nucléaire au moins) avec un dirigeant dont on sait qu’il n’est pas, c’est un euphémisme, un modèle de démocrate, pourquoi ne pas aller jusqu’au bout et dire que oui, il y a eu des contreparties dans cette affaire de libération. Ne serait-ce que les accords qu’il a lui même annoncés en se rendant en Libye…

Cela constituerait pourtant une intéressante « rupture » avec le passé des relations « diplomatiques », celles qui nourrissent l’imagination des auteurs de romans…


[1] A lire sur ce sujet dans Le Monde : “L’UE a accepté que les infirmières bulgares renoncent à poursuivre Tripoli“. Qui ferait signer un document demandant à d’anciens prisonniers de renoncer à des poursuites pour torture si ce n’est quelqu’un qui a torturé ?

[2] l’important étant ce qui restera sur les photos de la nationale et accessoirement, de la internationale. En l’occurrence, l’image de l’avion français sur la piste de l’aéroport de Sofia

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